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Le geste a la parole

La parole s’accompagne d’une gestualité naturelle allant de pair avec l’organisation prosodique du discours. En phonétique corrective, l’enseignant doit simultanément gérer des mouvements rythmico-mélodiques associés à des gestes dits « facilitants ». Ceux-ci sont d’un précieux concours afin de réaliser correctement un son, un rythme ou une intonation en langue cible. Cet article rappelle quelques points clé que le professeur se doit de maîtriser dans sa pratique remédiatrice.

Mon propos s’appuie sur une capsule vidéo ainsi qu’un diaporama.

Geste et parole.

La parole, c’est du mouvement. Je n’ai de cesse de le rappeler aux personnes en formation. Tant il est vrai que l’école contraint l’apprenant à demeurer immobile en classe. En vertu du postulat selon lequel les corps doivent être immobilisés afin que soient mobilisées l’attention et les capacités intellectuelles. Et beaucoup de professeurs ne se rendent pas compte que parler c’est bouger.

J’avais consacré un article du blog à ce sujet en évoquant les divers types de gestualité et en proposant une classification des gestes associés nécessairement à la parole. Je vous invite à en  prendre connaissance avant d’aller plus avant dans la lecture de ce billet.

Durant le récent stage de Padoue en août dernier, j’avais animé un séminaire portant sur les rapports entre la gestualité et la prosodie en fle. Les stagiaires étaient, il n’est pas inutile de le rappeler, des enseignants et formateurs de fle ayant pour la plupart une bonne expérience pratique de la MVT. Certains « anciens » des stages antérieurs revenant en 2ème semaine afin de bénéficier d’une piqûre de rappel.

Pratiquement tous les stagiaires corrigeaient sans problème des sons mal réalisés en français. Certains appliquaient avec virtuosité plusieurs techniques remédiatrices à la suite quand le « bon » modèle du son cible peinait à se mettre en place. Quelque uns utilisaient la gestualité facilitatrice à bon escient:

  • redressement du buste, de la tête, poing serré, autre, pour « tendre » un son;
  • inversement, relâchement du buste, mouvement de la tête vers le bas, autre,  pour  réaliser un son moins tendu;
  • indication du rythme par  scansion syllabique accompagnée d’un geste de battement effectué avec  la main;
  • visualisation dans l’espace d’un mouvement mélodique.

Les trois maîtres de stage insistant sans cesse sur l’importance de cette « corporéisation phonogène ». Etant bien entendu que chaque formateur avait sa gestualité propre. Les stagiaires faisant leur marché, en quelque sorte.

Un point très important pour une personne se formant à la phonétique corrective est de parvenir à coordonner la production rythmico-intonative avec les gestes corporels adéquats. Le professeur se doit d’exercer un contrôle étroit sur sa façon de bouger comme sur sa voix. Ce qui est loin d’être simple au début.

Le rapport -corps – geste – prosodie demande également un contrôle très étroit quand on travaille non sur des sons (des instants) mais sur des groupements prosodiques (des durées).  Cette année, j’ai insisté auprès des stagiaires sur l’intérêt didactique du mot phonétique, plus facile à traiter que le groupe rythmique -selon moi. Effectivement, ces unités de sens minimales en français comportent un nombre de syllabes peu élevé. Il est facile de mettre les proéminences rythmiques (les accentuations) en valeur grâce à la gestuelle qui offre plusieurs avantages:

  • elle fournit un indice visuel fort qui indique précisément à l’apprenant les syllabes saillantes;
  • cet indice visuel est renforcé par une sensation kinesthésique;
  • l’apprenant reprend très souvent le geste de l’enseignant. Par mimétisme et aussi car il a conscience que cela l’aide. De fait, il produit la suite sonore en respectant les syllabes mises en valeur;
  • ces syllabes accentuées constituent des points d’ancrage en français, à partir desquels s’effectuent les opérations de segmentation et de décodage. Le geste constitue une aide puissante à leur repérage et à leur production;
  • l’apprenant qui produit une suite parolière en L2 a souvent recours au geste afin de marquer les syllabes en relief. Ceci l’aide au début, par la suite il s’affranchit de cette gestuelle redondante.

Attention à une erreur fréquente de professeurs débutants. Ils réalisent la syllabe accentuée en la mettant bien en valeur visuellement mais en accentuant son intensité. L’intensité n’est pas la caractéristique physique dominante de l’accent primaire et de l’accent secondaire en français. L’enseignant doit veiller à la variation tonale ainsi qu’à l’augmentation de la durée – de la longueur-  qui constituent les marques caractéristiques de ces deux accentuations de langue. 

Le rôle central de la prosodie.

le professeur qui travaille dans cette perspective globalisante se doit d’avoir une vision  précise de l’organisation de la matière sonore de la langue. Il lui faut également être au fait de l’organisation prosodique et des fonctions complémentaires remplies par l’intonation, l’accent et le rythme.

Le diaporama suivant présente la problématique:

Et une capsule vidéo, résumé des diapos importantes,  pour avoir le son en plus.

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