Cet article propose une réflexion dont le but est d’expliquer la place minorée de la phonétique corrective dans la didactique des langues en général et du FLE en particulier. Comment en est-on arrivé à si peu d’outils pédagogiques (autres que les nécessaires batteries d’exercices pour apprenants, Abry & Chalaron, 2009 ; Guimbretière & Laurens, 2015) ? La démarche verbo-tonale a-t-elle été toujours aussi innovante qu’on le prétend ? Comment concilier une approche sociale (communicative, actionnelle) en classe ou en laboratoire et une approche mécanique, spécifique à la phonétique ? En fait, nous insisterons, au-delà de l’histoire d’une discipline, sur les difficultés observables entre phonétique corrective et didactique (Callamand, 1981 ; Callamand & Pedoya-Guimbretière, 1984) en expliquant que, d’un point de vue épistémologique, cette difficile conciliation entre les deux domaines trouve son origine dans les turpitudes des années 1970-80 sur le plan des idéologies scientifiques. Le phonéticien ne pouvait que difficilement renier son inscription traditionnellement « structuraliste » (ou assimilé) et le didacticien, lui, ne pouvait qu’épouser la révolution sociale et pragmatique hégémonique dans les années 1980. Aujourd’hui, à la suite de cette histoire récente, nous pensons qu’il est temps d’essayer d’analyser cet état des lieux et de recentrer les réflexions sur une reliance possible (Morin, 1994) entre la phonétique et la didactique des langues. En dépassant les points de vue idéologiques du passé, la didactique de la phonétique dans l’enseignement-apprentissage des langues mérite d’être de nouveau au centre des attentions de la recherche, ne serait-ce que pour répondre à la demande importante des enseignants de classe de langue.