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Enseigner la phonétique d’une langue étrangère

La revue en ligne Recherches en Didactique des Langues et des Cultures consacre son 1er n° de 2019 à une publication thématique portant sur « l’enseignement de la phonétique d’une langue étrangère. Bilan et perspectives ». Cet article vous propose le découvrir le résumé de chaque contribution. Ce qui vous donnera l’envie irrépressible de vous plonger dans la lecture de l’ensemble.

Corinne Weber

 

 

Interrogations épistémologiques autour de l’oralité

 

 

Quel paradigme pour la prononciation de demain?

 
 

Considérer les spécificités de l’objet oral, c’est se rendre à l’évidence qu’il est question de territoires entre des objets et des courants théoriques en tension depuis plus d’un siècle et d’enjeux socio-éducatifs et historiques significatifs. Dans cet article, seront considérées la dualité des savoirs disciplinaires (la phonétique expérimentale) et leur transposition au service de l’enseignement/apprentissage, sous un angle épistémologique. En référence à l’historicité de la phonétique, notre réflexion portera sur la compréhension des modes de construction de la discipline phonétique au service de la didactique et comment elle reflète les modes de catégorisation de l’oral au cours de l’histoire. Pour terminer, on se focalisera sur une matrice plus globale de la prononciation intégrée à la didactique de l’oralité sans ignorer les nouveaux champs d’exploration dans ce domaine.

Cet article propose une réflexion dont le but est d’expliquer la place minorée de la phonétique corrective dans la didactique des langues en général et du FLE en particulier. Comment en est-on arrivé à si peu d’outils pédagogiques (autres que les nécessaires batteries d’exercices pour apprenants, Abry & Chalaron, 2009 ; Guimbretière & Laurens, 2015) ? La démarche verbo-tonale a-t-elle été toujours aussi innovante qu’on le prétend ? Comment concilier une approche sociale (communicative, actionnelle) en classe ou en laboratoire et une approche mécanique, spécifique à la phonétique ? En fait, nous insisterons, au-delà de l’histoire d’une discipline, sur les difficultés observables entre phonétique corrective et didactique (Callamand, 1981 ; Callamand & Pedoya-Guimbretière, 1984) en expliquant que, d’un point de vue épistémologique, cette difficile conciliation entre les deux domaines trouve son origine dans les turpitudes des années 1970-80 sur le plan des idéologies scientifiques. Le phonéticien ne pouvait que difficilement renier son inscription traditionnellement « structuraliste » (ou assimilé) et le didacticien, lui, ne pouvait qu’épouser la révolution sociale et pragmatique hégémonique dans les années 1980. Aujourd’hui, à la suite de cette histoire récente, nous pensons qu’il est temps d’essayer d’analyser cet état des lieux et de recentrer les réflexions sur une reliance possible (Morin, 1994) entre la phonétique et la didactique des langues. En dépassant les points de vue idéologiques du passé, la didactique de la phonétique dans l’enseignement-apprentissage des langues mérite d’être de nouveau au centre des attentions de la recherche, ne serait-ce que pour répondre à la demande importante des enseignants de classe de langue.

Jérémi Sauvage

 

 

 

 

 

Phonétique

et

Didactique

 

 

 



 

Un mariage contre-nature

 
 

Grégory Miras

 

 

  

De la correction à la médiation: la doxa terminologique en didactique de la prononciation du français comme langue étrangère




La didactique de la prononciation, en français langue étrangère (FLE), largement traversée par des représentations, des croyances et la doxa, est souvent qualifiée de « parent pauvre » du domaine sans donnée empirique. La conséquence est double, à la fois pour les enseignants qui ne s’y sentent pas toujours légitimes mais aussi pour les apprenants qui sont peu sensibilisés à leur propre prononciation en langue initiale. Quelques études ont tenté de définir les contours de ces représentations, mais les données en FLE restent fragmentées. Cette étude cherche à mener une réflexion épistémologique de la didactique de la prononciation en FLE par : 1) une analyse de la place de la prononciation dans le CECRL et sa version amplifiée et, 2) un corpus (DIDAREVS) de 597 articles francophones en didactique des langues-cultures (DDLC) publiés, depuis 2000, dans six revues en ligne. La confrontation des résultats obtenus permettra de mettre en avant les liens possibles entre les représentations terminologiques qui émergent au niveau d’outils politiques tels que le CECRL et au niveau scientifique en DDLC. L’analyse de ces liens sera l’occasion de proposer des pistes pour un travail de révision terminologique du domaine.

Cet article traite de la place de la variation dans l’enseignement de la phonétique en FLE. À travers une analyse des avant-propos et des contenus de trois manuels d’orthoépie, je tenterai de montrer les atouts et les limites d’une approche qui vise à familiariser les apprenants avec des réalisations relevant notamment de la variation diatopique et de remplacer, dans l’imaginaire linguistique de l’apprenant, la vision d’une langue homogène, uniforme, ‘neutre’, par une conception dynamique du français contemporain.

Anika Falkert  

 

La place de la variation dans l’enseignement de la phonétique en fle

Réalités et perspectives

 

Marion Didelot, Isabelle Racine, Françoise Zey,
Alexei Prikhodkin 

Enseignement et évaluation de la prononciation aujourd’hui: l’intelligibilité comme enjeu

Avec la globalisation poussée du monde actuel, de nouveaux enjeux ont émergé autour de lévaluation de la compétence orale, dans laquelle la composante phonique tient une place prépondérante. Dans cette contribution, nous proposons une réflexion autour des notions dintelligibilité – objectif annoncé de lenseignement/apprentissage de la prononciation aujourdhui – et de parole accentuée, au regard de leur utilisation dans le descripteur de la compétence phonologique du CECRL, récemment remanié. Si cette révision constitue indéniablement une amélioration, la capacité à dissocier « force de l’accent » et « intelligibilité » nécessite néanmoins un effort important à fournir en termes de formation des enseignants et évaluateurs..

Depuis les années 1980, l’enseignement de l’intonation a pratiquement disparu des manuels de FLE (Billières, 2008). On peut en rechercher les causes à partir des éléments suivants :
1. Depuis Delattre (1966), qui reste la référence la plus citée, une certaine confusion subsiste parfois à propos de la modalité (déclarative, interrogative, implicative, etc.) et la structure prosodique (la hiérarchie des groupes accentuels) de l’énoncé.
2. Depuis plus de 30 ans, la théorie phonologique autosegmentale-métrique, développée au départ pour l’anglais américain, est devenue le modèle dominant au point de rendre inaudible d’autres approches pour le public du FLE.
3. L’utilisation des cibles tonales dans la notation ToBI presque exclusivement utilisée dans les descriptions intonatives du français est très peu intuitive et a pour effet de décourager bon nombre d’enseignants et d’apprenants.
4. Dans les descriptions autosegmentales-métriques du français, on observe le plus souvent un amalgame entre les aspects phonétiques et phonologiques, dus au caractère holistique attribué à l’intonation de l’énoncé. 
On comprend que tous ces aspects peuvent désarçonner les enseignants de FLE tentés par l’enseignement de l’intonation et pas seulement par la prononciation des syllabes ou par la grammaire et le lexique. Si d’aventure ils persistaient dans leur volonté d’enseigner l’intonation du français, le flou des descriptions dominantes soutenues par un marketing scientifique impressionnant, opérant toujours sur des phrases très courtes, ne peuvent que les décourager. 
On présente ici une autre approche, basée sur les découvertes les plus récentes de la neurolinguistique, permettant de proposer aux apprenants un principe explicatif simple pour rendre compte de l’intonation de la parole lue aussi bien que spontanée.

Philippe Martin

 

 

 

 

 

 

 

Enseignement
de
l’intonation
en FLE
aujourd’hui

 

 

















Clémentine Abel

 



La formation continue en didactique de la prononciation – un outil pour dépasser les querelles méthodologiques?



Le rôle crucial de la prononciation pour la communication n’est plus à démontrer. Néanmoins, depuis l’introduction des approches communicatives voire actionnelles, l’enseignement de la prononciation, jugé trop structural, peine à trouver sa place au sein des cours de langues étrangères. Il semblerait que la formation initiale des enseignants, négligeant le développement des compétences nécessaires à l’enseignement de la prononciation, n’y est pas étrangère. 
Après un tour d’horizon des différentes approches en didactique des langues, et une description des compétences nécessaires à l’enseignement de la prononciation, la contribution présente un module de formation continue susceptible de surmonter l’écart entre approches phonétiques/ phonologiques et les nouveaux courants didactiques.

Depuis les années 1950, la didactique des langues accorde une place prioritaire à l’oral et ce dernier est plus que jamais d’actualité (Ravazzolo et al., 2015, Abou Haidar e& LLorca, 2016). Et si l’écrit a retrouvé toute sa place dans l’approche communicative et la perspective actionnelle, qu’en est-il de la phonétique ? Dans les manuels de FLE, les compétences de production orale et écrite ainsi que la phonétique sont souvent travaillées séparément. L’article propose de questionner ce cloisonnement. Comment faire de l’oral avec de l’écrit ? Et comment la confrontation entre l’oral et l’écrit permet-elle de perfectionner l’apprentissage de la phonétique. Nous avons invité des apprenants de FLE B1 à réaliser un journal télévisé sur leur ville en respectant les étapes suivantes : rédiger un texte monologué sur un lieu de la ville, puis mettre en commun deux articles sous forme d’un écrit dialogué qui est ensuite oralisé. Un travail préparatoire de phonétique corrective est mené sur ce texte écrit avant l’interaction orale, le texte dialogué est ensuite appris puis joué. Cette présentation orale en interaction est suivie d’un retour formatif destiné à perfectionner la performance orale de l’apprenant. Un questionnaire a révélé un retour positif des apprenants quant à leur appréciation de certaines spécificités de l’oral, dont certaines dimensions phonétiques et en particulier l’intonation expressive.

Catherine Lodovici-David, Christelle Berger




L’oralisation d’un texte écrit au service d’une prise de conscience des spécificités de l’oral : un continuum pour travailler la compétence interactionnelle et la phonéti





 

Fabian Santiago

Théorie, recherche et didactique de la prosodie et de l’intonation en L2 : nouvelles perspectives




Nous discutons de l’importance d’intégrer les résultats des recherches récentes en matière de prosodie et d’intonation dans l’élaboration des descriptions de référence actuelles et contextualisées destinées à l’enseignement du français L2. Nous nous focalisons sur la nature du groupe accentuel, ses rapports avec le phrasé prosodique et le rôle des contours mélodiques. Nous confrontons cette analyse avec les résultats des recherches consacrées à l’acquisition de la prosodie du français en tant que L2. Notre objectif est de renouer les liens entre la recherche en phonologie expérimentale et la didactique de l’intonation du françai

Le behaviourisme inaugure l’approche psycholinguiste en didactique des langues par des méthodes de correction phonétique s’appuyant sur un conditionnement par stimulus-réponse. 
L’ère cognitiviste suggère que les mécanismes articulatoires, en tant que processus automatique non doué de contrôle sont soumis à un apprentissage non conscient résidant dans un reconditionnement auditif du crible phonologique dépendant d’un apprentissage réflexif des gestes articulatoires.
L’approche se poursuit avec la méthode directe par un entraînement intensif d’écoute et de discrimination des phonèmes cibles. Le reconditionnement auditif permettrait de construire de nouvelles catégories phonologiques par l’écoute de grandes quantités d’inputs grâce à la capacité du sujet à faire des analogies par contact avec de nouvelles données en utilisant la notion connexionniste de « masse critique ». 
Dès les années 60, à l’opposé des courants cognitivistes fondés sur l’hypothèse que la correction phonétique repose sur un travail de perception, apparaissent des méthodes articulatoires qui sont fondées sur la description articulatoire du son et un travail sur la cible articulatoire. 
Après avoir décrit ces différentes approches, nous viserons un consensus entre les méthodes basées sur la production et la perception au travers d’un travail sur la mémoire qui prendrait tout aussi bien trace de la fréquence optimale du son à acquérir que du geste qui l’accompagne. Existe-t-il une approche pouvant concilier le perceptif et le moteur et qui serait novatrice sur le plan cognitif ? Dans cette perspective, nous décrirons un protocole expérimental développé auprès d’étudiants sinophones de niveau B1. Il se nomme « FLE_PHONE » et vise, à partir d’une plateforme numérique, à la correction phonétique d’étudiants de FLE (occlusives du français pour un public sinophone et des voyelles /u/ et /y/ pour un public lusophone) via une méthode de correction intensive.

Damien Chabanal, Frédéric Mourier

 

 

 

 

 

 

La question cognitive dans la phonétique corrective : une approche exemplariste

 

 

 

Mémoire lexicale et fréquence : de nouveaux enjeux pour la didactique de la prononciation.
 
 








Olivier Nocaudie, Charlotte Alazard-Guiu, Michel Billières

Oral d’aujourd’hui, oralité de demain : et la phonétique corrective dans tout cela ?



Cette communication propose d’articuler des points de vue issus du terrain et de la recherche sur la place de la phonétique corrective dans l’apprentissage des langues étrangères.
Après une première enquête de terrain qui interroge des pédagogues sur leur formation et la place de l’oral et de l’oralité dans leurs pratiques, un regard historique est porté sur les influences méthodologiques ayant mené à la situation actuelle de la phonétique corrective avant de questionner la discipline elle-même et ses acteurs (enseignant/apprenant) par le biais de recherches récentes sur l’imitation de paramètres prosodiques et le rapport entre fluence et lecture.

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