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L’Alphabet Phonétique International s’écrit et s’écoute

L’Alphabet Phonétique International –API- est constitué de symboles graphiques utilisés pour transcrire les sons identifiés et décrits des langues du monde. Ils sont majoritairement issus des alphabets latin et grec. L’API comprend 118 symboles graphiques principaux. Certaines de ces lettres subissent des modifications grâce à des signes diacritiques destinés à noter telle particularité de mode ou de lieu d’articulation. Il y a en tout 76 signes diacritiques. Ils peuvent être en exposant, en indice, souscrits, suscrits, précéder ou suivre le signe principal. Il s’ensuit que les tableaux synoptiques synthétiques offrent un aspect déroutant de par l’extrême variété et l’étrangeté des caractères graphiques les composant.

1. API : quelques remarques liminaires

 Pour rappel, le principe absolu de l’API est le suivant : un son est toujours transcrit par une lettre et réciproquement : 1 lettre ⇔ 1 son

 L’API est un formidable instrument de travail en phonétique et en phonologie. Il est très longtemps resté l’apanage de spécialistes. Ces derniers ont décrit les sons des langues naturelles en utilisant les diverses batteries d’appareils de mesure et de visualisation présents dans les laboratoires de phonétique expérimentale. Ils ont ainsi contribué à graduellement remplir les cases des tableaux consonantiques et vocaliques.

Tel son transcrit est décrit avec précision en recourant à la terminologie de la phonétique articulatoire. Cette présentation objective ne garantit en rien que le lecteur

  • puisse se représenter comment se prononce le son
  • parvienne à réaliser convenablement le son
  • distingue telle nuance infime entre deux sons voisins

Certains sites proposent d’écouter les sons décrits dans l’API. Ceci pose un certain nombre de questions:

  • qui a prêté sa voix aux enregistrements
  • dans quelles conditions les enregistrements ont-il été réalisés
  • quel corpus a été utilisé
  • comment a-t-il été exploité après enregistrement

Ces problèmes sont juste évoqués car ils sont importants pour les phonéticiens, phonologues et sociolinguistes notamment.

 

2. L’Alphabet Phonétique International sur le web

Il existe deux sortes d’outils consacrés à l’Alphabet Phonétique International sur internet

  1. ceux qui permettent de taper directement du texte en API sans avoir à recourir à une police spécifique ou à afficher un visualiseur de clavier. Ce qui constitue un gain de temps appréciable.
  2. ceux qui permettent de « sonoriser » les signes graphiques. Le principe est alors sensiblement toujours le même. Les consonnes figurent dans des tableaux ; les voyelles sont souvent représentées dans une figure appelée trapèze vocalique. Le fait de cliquer sur le symbole représentant le son ouvre un fichier permettant de l’entendre. Ce qui peut être très pratique car apportant un caractère concret à la description absconse accompagnant le signe graphique

Voici quelques sites qui fort utiles dans cette perspective. Il n’entre aucun critère de classement dans la liste ci-dessous qui, en outre, ne prétend nullement à l’exhaustivité.

 2.1. L’Alphabet Phonétique International s’écrit

 Deux sites performants et simples d’emploi

 1er site : http://www.lexilogos.com/clavier/fonetik.htm

Lexilogos, clavier virtuel permettant d’intégrer les symboles de l’API.

Un cadre en dessous duquel figurent les symboles de l’API ainsi que certains diacritiques (en fonction de la langue transcrite). Il suffit de cliquer sur le signe désiré. Il s’affiche dans le cadre. Le texte obtenu en transcription phonétique peut être exporté par copier-coller dans un logiciel de traitement de texte.

 

2ème site : https://easypronunciation.com/fr/french-phonetic-transcription-converter

C’est un convertisseur phonétique. Vous tapez un texte, il est translittéré en symboles de l’API. Existe pour le français et d’autres langues. Il est possible de choisir

–       la transcription seule

–       une correspondance ligne par ligne entre le texte original et sa transcription phonétique

La translitération s’affiche en respectant les espaces entre les mots et en indiquant les « e » instables (en tant que toulousain j’en suis ravi).

2.2. L’Alphabet Phonétique International s’écoute

 1er site : http://sivanataraja.free.fr/api/

Un site assez ancien certainement mais bien fait et en français. Il est recommandé pour disposer d’une traduction des termes techniques (la plupart des tableaux consultables est en anglais)

Une page très synoptique présente les tableaux de classement des voyelles et consonnes produites de par le monde. Les emplacements vides représentent des articulations dont on ne possède aucun exemple. La plupart des lettres sont liées à un fichier wave. Il suffit de cliquer sur le symbole pour écouter le son correspondant.

Certains fichiers sonores ne sont pas de très bonne qualité. Cette remarque ne constitue nullement un reproche !

 

2ème site : http://www.ipachart.com

Il date de 2003. Les clips audio sont l’œuvre de Peter Isotalo, University of California, Los Angeles

Chaque consonne et chaque voyelle est indiquée dans un carré vert.

En cliquant dessus, on entend la consonne deux fois

  • une 1ère fois à l’initiale suivie de [a]
  • une 2ème fois en position intervocalique entre 2 [a]

La voyelle est proposée une fois, sa durée est suffisante pour assurer un certain confort d’écoute.

Les enregistrements sont de qualité, la navigation est fluide, l’ensemble est agréable.

 

3ème site : http://www.yorku.ca/earmstro/ipa/

Les pages dédiées à l’API font partie du site Voice & Speech Source d’E. Armsrong. Le travail de sonorisation a été réalisé par Eric Armsrtong (York University Toronto, Canada) et Paul Meier, University of Kansas USA

Le principe de navigation est le suivant : quand le curseur est placé sur un symbole, la « carte d’identité » du son représenté s’affiche. Quand on clique sur une

–       consonne, elle est proposée à 3 reprises, initiale + [a], intervocalique entre 2 [a], finale absolue, soit : [Ca], [aCa], [aC]

–       voyelle, chaque son est écouté 2 fois : d’abord sur un ton uni, ensuite sur un ton descendant

Les diphtongues et triphtongues bénéficient d’un traitement particulier. Il est d’abord visuellement précisé si elles appartiennent à l’anglais où l’américain. Quant on clique dessus, le son complexe est d’abord réalisé lentement et le déplacement à l’intérieur de l’espace vocalique visualisé sur le trapèze articulatoire. Il est ensuite prononcé avec un ton uni puis descendant avant d’être réalisé dans un mot de sens plein.

La navigation est aisée, les sons très audibles.

 

4ème site : iPA Phonetics

http://web.uvic.ca/ling/resources/ipaphonetics.htm

 Réalisé par Christopher Coey, 2013, University of Victoria Canada

Une formidable application destinée aux tablettes et smartphones sous IOS et Android. Le principe est toujours le même : on pointe le symbole graphique et le son correspondant est émis.

Un plus très utile : une page visualise des termes correspondant à diverses qualités de voix. En cliquant dessus, des enregistrements permettent de les entendre et ainsi de mieux appréhender ce que signifient certaines dysphonies et phonopathies.

L’esthétique est remarquable, les enregistrements superbes.

 3. Les autres systèmes de notation phonétique

L’API est le système actuellement le plus répandu. Il est utilisé part la grande majorité des personnes ayant besoin de noter les sons des langues naturelles. Pour mémoire, indiquons qu’il a très longtemps été fait usage du

  • système français initié par l’abbé Rousselot, employé notamment par Dauzat et par Straka. Il est très prisé par les dialectologues et a pour base les signes de l’alphabet latin agrémentés de nombreux diacritiques
  • système des romanistes créé par Boehmer, employé en phonétique diachronique notamment. Il est également associé au nom de Bourciez, médiéviste spécialiste d’ancien français et des langues romanes.

Vous trouverez des renseignements sur ces deux systèmes de notation  dans le dictionnaire collaboratif en ligne Sansagent.

J’espère que ces quelques sites vous procureront une plus grande aisance dans la découverte et le maniement des symboles de l’API.

Pour terminer, petit exercice de transcription phonétique de ces deux phrases:

L’Alphabet Phonétique International s’écrit et s’écoute

L’Alphabet Phonétique International ses cris et ses coûts

 

API-2

 

 

7 commentaires sur “L’Alphabet Phonétique International s’écrit et s’écoute”

  1. Merci pour toutes ces informations.
    Mais ne pourriez-vous pas aussi nous donner
    simplement le tableau, tel qu’on le trouve dans
    les dictionnaires et qui sont très bien ? afin qu’on puisse le photocopier
    pour l’avoir toujours avec soi ? Ce matin j’ai initié ma petite
    fille à l’utilisation de ce tableau très facile à comprendre et
    utiliser. J’ai constaté qu’elle regardait ce tableau avec méfiance, tout
    comme moi au même âge, parce que personne ne nous e avait
    fait apprécier l’utilité. On a travaillé, oh, un quart d’heure, sur quelques
    exemples et elle a trouvé cela très pratique. Je découvre cependant
    aujourd’hui, le même tableau avec les réponses ORALES, ce qui me
    ravit ! Le progrès a du bon, il faut le reconnaître. Mais j’essaie de faire
    découvrir les vertus des bons vieux tableaux de nos dicos ! Y compris
    ceux de nos Petit Larousse et Petit Robert …

    Bien cordialement.

    1. Bonjour, Le tableau des symboles phonétiques se trouve effectivement dans tout dictionnaire et ouvrage de grammaire grand public. Dans cet article, mon intention était d’indiquer des ressources permettant de « sonoriser » ces signes, de mettre à disposition des « claviers phonétiques », etc. Autant de ressources pouvant être utiles pour les étudiants débutant en transcription phonétique et appréhendant l’exercice de dictée. Mais je vous approuve, les vertus de nos dictionnaire de référence n’ont pas pris une seule ride!..

        1. Pour /E/ placé en finale de mot lexical (syllabe ouverte) vous pouvez prononcer « é fermé » ou « è ouvert » en fonction de votre région d’origine, cela n’a aucune incidence sur l’intercompréhension.

          1. Certes. Mais j’espère bien garder cette distinction, pour ce qui me concerne. Et apprécier comme une fantaisie ensoleillée son indistinct ion dans le parler de mes amis méridionaux.

    Répondre à AUBERT Christiane Annuler la réponse

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