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De la théorie à la pratique: les ateliers sauvages

Les ateliers sauvages, une institution dans la formation des étudiants en phonétique corrective du fle par la méthode verbo-tonale à l’université de Toulouse II. Entretien vidéo plein de vie avec deux étudiantes du Master 1.

L'origine des ateliers sauvages

"La phonétique corrective se démontre mais aussi se montre"

Lorsque j’ai créé le cours de phonétique corrective en maîtrise fle début années 90, il m’est très vite apparu que je ne pouvais pas seulement me cantonner à la théorie et qu’il était indispensable de concrétiser les notions abordées par des pratiques effectives.

Dans un premier termps, j’ai eu recours à des enregistrements vidéos effectués à Supaero grâce au concours des élèves-ingénieurs étrangers suivant mes cours de fle ainsi qu’à la complicité d’un technicien du Labo Langues (merci Lionel!!!). Celui-ci enregistrait les séances informelles avec une gigantesque caméra « qualité FR3 »  puis me remettait les enregistrements sur des vidéos VHS.

A cette époque, j’étais également invité régulièrement au stage fle du CAREL de  Royan qui disposait d’un studio d’enregistrement haut de gamme. Là aussi les séances de phonétique corrective étaient filmées et je  bénéficiais des enregistrements.

J’avais donc à disposition un nombre certain de cassettes avec des exemples probants que je  repérais « au compteur » du magnétoscope. Il était hors de question d’effectuer des montages avec les vidéos, je n’avais pas les compétences ni le matériel pour cela. Mais ceci était suffisant pour illustrer de visu les points théoriques que j’abordais en cours.

Pendant cette période, les étudiants de la maîtrise fle regardaient les cassettes et posaient des questions. Ils n’intervenaient pas encore.

Les étudiants étrangers en présentiel dans la classe

Cette deuxième alternative intervient rapidement vers le milieu des années 90. Les promos de la maîtrise fle étaient de moins de vingt étudiants. C’était volontaire de la part de notre équipe pédagogique. Aussi, je pouvais solliciter des étudiants du Département d’Études du Français Langue Étrangère de venir en cours à 9h avant de rejoindre leur classe qui commençait à 9:30. Les étudiants de maîtrise recrutaient des volontaires de leur côté. Ce qui me donnait 30 minutes pour pratiquer en direct. Et là, l’intérêt de certains étudiants était manifeste, avec une frustration: passer eux-mêmes à l’action.

En même temps, la situation n’était pas idéale. Les quelques étudiants du DEFLE étaient debout côté tableau, face à vingt paires d’yeux et vingt paires d’oreilles avidement braquées sur eux. Il était urgent de trouver une autre modalité mieux adaptée.

La mise en place des ateliers sauvages

à l'origine, en parallèle au cours théorique

La solution a été rapidement trouvée. Animer des séances de correction phonétique entre midi et deux heures deux fois par semaine sous forme d’atelier avec des étudiants volontaires du DEFLE (habituellement, le cours avait lieu de 13h à 14h). Cet enseignement étant dispensé au 1er semestre, les ateliers commençaient la 5ème ou 6ème semaine, après l’exposé des principes théoriques de correction.

Rien n’était imposé aux étudiants de maîtrise fle, ne venaient que celles et ceux qui étaient intéressés ou simplement curieux. C’était moi qui pratiquais en direct pendant les deux premières séances. Il y avait un débriefing de 1/4 d’heure avant de retourner en cours. Lors des séances suivantes, je « chauffais » les  apprenants du DEFLE une dizaine de minutes avant de m’effacer. C’était les étudiants de la maîtrise fle qui se succédaient. Au début, leur stress était tel qu’ils tenaient cinq minutes avant de demander à être remplacés. Un autre volontaire prenait la place.

Tout se jouait pendant ces ateliers pratiques. Certains étudiants passionnés pendant les cours théoriques prenaient soudainement conscience que "Bon, c'est bien mais c'est pas pour moi ce truc là". A l'inverse, des personnes qui considéraient l'approche théorique avec plus ou moins de scepticisme "c'est trop beau pour être vrai ce que raconte le prof" se passionnaient pour la correction phonétique et devenaient des inconditionnels.

puis, les ateliers sauvages sont programmées au semestre 2

Ce suite à une longue, très longue grève dont mon université a le secret. Les étudiants demandent instamment la mise en place des ateliers sauvages alors que le 1er semestre est achevé. Ce qui est fait.

Et là, je constate que les étudiants du Master sont beaucoup plus réactifs. Et j’en comprends la raison. Ils sont maintenant mieux armés car ils disposent d’un certain recul. Ils ont passé l’examen quelques semaines plus tôt et ont dû « digérer » tout l’apport théorique. Les ateliers gagnent en efficacité, les étudiants ont davantage d’assurance dans leurs pratiques.

Des ateliers sauvages à l'année

Chaque année, j’assure mes huit séances hors cursus puis disparais. Chaque année, grosse frustration de la part des étudiants de master 1 et de ceux du DEFLE. Certains veulent continuer. Les étudiants étrangers sont demandeurs, ceux du master 1 veulent affiner leurs pratiques. Et les  ateliers se poursuivent dans une salle jusqu’à la fin des cours du 2ème semestre. De temps à autre, un étudiant du master m’expose un problème auquel le groupe est confronté. Je propose une ou des pistes de remédiation mais n’interviens pas.

Chaque année également, les étudiants passés en master 2 et passionnés par la correction phonétique viennent « débaucher » les « petits » du master 1 suivant le cours théorique du 1er semestre afin qu’ils les rejoignent dans ces ateliers informels qu’ils ont mis en place dès le début de l’année universitaire. Et les « grands » viennent en aide aux « petits ».

Bref, dans ces ateliers, le travail phonétique se fait à la chaîne d’une année sur l’autre.

Un témoignage d'étudiantes sur les ateliers sauvages

Lucie et Manon, deux étudiantes du Master 1 très impliquées dans ces ateliers ont accepté de se livrer face à la caméra. C’est un témoignage plein de vie et de spontanéité. Elles font part de leurs réussites mais aussi de leurs doutes comme de leurs hésitations. Ce qui domine dans leurs propos, ce sont l’enthousiasme et la sincérité. Il en résulte un document pétillant et  merveilleusement rafraichissant.

Cet emballement, cette exaltation, ce sont les mêmes que j’ai connus quand j’ai découvert (clandestinement) le monde de la phonétique corrective. Ce sont des sensations identiques qu’ont éprouvées toutes les étudiantes et les étudiants qui se sont lancés dans les pratiques remédiatrices tant durant les ateliers sauvages que lors des innombrables formations que j’ai animées aux quatre coins du monde.

merci à vous toutes et vous tous

Au moment de prendre ma retraite, à travers le témoignage de Lucie et de Manon, c'est à toutes les étudiantes et tous les étudiants - les groupies et les groupys dans le vocabulaire maison- de maîtrise et du master fle ainsi qu'aux étudiants étrangers volontaires que je dédie ces cours de phonétique corrective que j'ai eu tant de plaisir à dispenser durant toutes ces années.

6 commentaires sur “De la théorie à la pratique: les ateliers sauvages”

    1. Bien d’accord avec toi. Et c’est ce genre de témoignage qui fait dire que nous faisons un métier magnifique malgré tous les bâtons qu’on nous met dans les roues. Merci à vous, étudiantes et étudiants, et m… aux autres (c’est la canicule, je me lâche).

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